L’agriculture familiale agro-écologique dans le monde

A l’horizon 2050, une alimentation saine et suffisante, un climat mieux régulé, une biodiversité et des sols régénérés.

Ce texte de François Xavier de Montard, directeur de recherche honoraire INRA, GREFFE (Groupe scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable), est le résumé d’une contribution qui fera partie d’un ouvrage collectif du GREFFE à paraître en février 2018.

Les agricultures familiales du monde, dont deux caractéristiques majeures sont la résilience associée à la multi-activité et à la quasi-absence de salariat, produisent 70 % de la production agricole mondiale. D’après la FAO, les besoins alimentaires mondiaux devraient croître de 70 % d’ici 2050 pour faire face à la croissance de la population et à l’évolution des habitudes alimentaires vers la viande et le lait. Une condition pour satisfaire les besoins alimentaires est l’entrée en transition démographique de l’Afrique sub-saharienne et sa confirmation en Asie du sud et du sud-est. Elle se produira si sont réalisées une forte amélioration de la condition des paysans (accès à la terre, prix agricoles et accès au marché) et la généralisation de l’instruction. Un autre défi est le changement climatique en cours et son cortège de sécheresses, inondations et tempêtes. En face, des agricultures agro-écologiques très productives, combinaison du meilleur des méthodes paysannes et des connaissances les plus récentes sur les agro-écosystèmes, sont à mettre en œuvre avec précision à l’échelle de petites ou moyennes fermes familiales pour composer une végétation à fort rendement très variée et résiliente face aux accidents climatiques et aux ennemis des cultures.

Du fait de son exigence en main-d’œuvre, une telle adaptation est peu envisageable pour l’agro-business dont, par ailleurs la rentabilité est assurée par la monoculture et l’emploi massif de pesticides qui mettent en danger la vie des sols et la santé des populations et détruisent la biodiversité. Ceci justifie puissamment la demande des organisations paysannes mondiales de protection de l’accès à la terre dans le cadre villageois et de libre commerce des semences paysannes, à l’encontre de l’emprise commerciale mondiale des OGM (10 % des surfaces) et de la vente des terres collectives à des investisseurs, pays ou fonds de pension, qui s’abritent dans la dynamique onusienne de « l’agriculture climato-intelligente » pour évacuer les paysans et pratiquer la monoculture de plantes alimentaires, textiles ou de bioénergie.

On estime les surfaces agricoles utiles à 3,4 milliards d’ha de terrains pâturés et à 1,4 milliard d’ha en terres arables dont une proportion très importante est dégradée. Le potentiel considérable de biodiversité, de régénération des sols et de productivité des agricultures familiales se développant en agro-écologie est présentement trop ignoré des décideurs et doit être opiniâtrement recherché et mis en valeur en remplacement des méthodes dégradantes des sols et des forêts (déforestation, surpâturage, érosion liés à des pratiques traditionnelles sous pression démographique et érosion et pollutions liées à l’agriculture industrielle).